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taient tour à tour des vers à la louange du Christ, comme d’un dieu ; ils s’engageaient par serment, non à quelque crime, mais à ne point commettre de vol, de brigandage, d’adultère, à ne point manquer à leur promesse, à ne point nier un dépôt : après cela ils avaient coutume de se séparer, et se rassemblaient de nouveau pour manger des mets communs et innocents. Depuis mon édit, ajoutaient-ils, par lequel, suivant vos ordres, j’avais défendu les associations, ils avaient renoncé à toutes ces pratiques. J’ai jugé nécessaire, pour découvrir la vérité, de soumettre à la torture deux femmes esclaves qu’on disait initiées à leur culte : mais je n’ai rien trouvé qu’une superstition ridicule et excessive. J’ai donc suspendu l’information pour recourir à vos lumières : l’affaire m’a paru digne de réflexion, surtout par le nombre des personnes que menace le même danger. Une multitude de gens de tout âge, de tout ordre, de tout sexe, sont et seront chaque jour impliqués dans cette accusation. Ce mal contagieux n’a pas seulement infecté les villes, il a gagné les villages et les campagnes. Je crois pourtant que l’on y peut remédier et qu’il peut être arrêté. Ce qu’il y a de certain, c’est que les temples, qui étaient presque déserts, sont fréquentés ; et que les sacrifices, longtemps négligés, recommencent. On vend partout des victimes qui trouvaient auparavant peu d’acheteurs. De là on peut juger combien de gens peuvent être ramenés de leur égarement, si l’on fait grâce au repentir. »

Trajan se contenta de faire cette singulière réponse, « qu’on ne rechercherait pas les Chrétiens, mais qu’on les punirait s’ils étaient dénoncés et convaincus d’être Chrétiens. » Cette décision n’arrêta pas l’effusion du sang chrétien. La persécution continuait, tandis que l’empereur poursuivait le cours de ses exploits ; car il eut presque toujours à combattre pendant les vingt années de son règne : il fit rentrer les nations barbares dans l’obéissance, soumit les deux Arabies, l’Arménie, le vaste royaume des Parthes, et pénétra dans l’Inde aussi loin qu’Alexandre.

Avant de mourir, il avait adopté Adrien. Ce prince eut pres-