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sances, Dieu de toutes les créatures et de toute la nation des justes qui marchent en votre présence, je vous rends grâces de ce que vous m’avez fait arriver à ce jour et à cette heure, où je dois entrer dans la société de vos martyrs et boire le calice de votre Christ, pour avoir part à la résurrection éternelle de l’âme et du corps dans l’incorruptibilité du Saint-Esprit. Que je sois aujourd’hui admis en votre présence avec eux comme une victime agréable. Je vous loue, je vous bénis, je vous glorifie par le pontife éternel, Jésus-Christ, votre fils, avec qui gloire soit rendue à vous et au Saint-Esprit, maintenant et dans tous les siècles. Amen. »

Nous avons cru devoir rapporter en grande partie cette lettre des Chrétiens de Smyrne, parce qu’elle est un des plus anciens monuments du Christianisme. Rapprochée des ouvrages des Pères, elle prouve que leurs actions étaient conformes à leurs discours, et que pour eux le précepte du sacrifice était suivi de l’exemple. On voit encore par cette lettre que les plus grands saints se faisaient un devoir de respecter les puissances de la terre, et qu’ils étaient persuadés que la mort soufferte pour Jésus-Christ leur procurerait sans aucun délai la possession du souverain bien et une vie éternellement heureuse ; qu’il s’opérait quelquefois des prodiges au moment où se consommait leur martyre ; que les Juifs se mêlaient aux païens quand il s’agissait de persécuter les Chrétiens, et qu’ils s’efforçaient d’empêcher qu’on ne permît aux Chrétiens d’enlever les restes des martyrs. On y apprend encore que les Chrétiens croyaient que, s’il leur était permis d’honorer les saints et de s’adresser à eux pour obtenir par leur intercession d’avoir part à la gloire dont ils jouissent, c’était à Dieu seul qu’ils offraient leurs vœux et leurs prières, et qu’ils ne devaient adorer que le fils unique de Dieu ; qu’ils révéraient les reliques des martyrs, qu’ils les conservaient comme des pierres précieuses, et qu’ils s’assemblaient au lieu où ils les avaient renfermées pour y célébrer le jour de la fête du saint auquel elles appartenaient. À la fin de cette lettre, les Chrétiens de Smyrne rendent gloire aux trois personnes de la Sainte-Trinité en ces