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fort peu, et celui qu’elle produirait ne vaudrait rien, rampante comme elle le serait sur la terre. Ainsi, comme elle ne peut avoir du fruit en abondance et de bonne qualité qu’avec son appui, l’orme n’est pas moins fécond que la vigne. Celui qui est dans l’opulence est pauvre ordinairement aux yeux du Seigneur ; car ses trésors le détournent de Dieu, et sa prière est courte, faible, sans aucune vertu ; s’il donne au pauvre ce qui lui est nécessaire, le pauvre qui est riche aux yeux du Seigneur, et dont la prière est puissante, le pauvre prie pour lui et Dieu l’exauce ; ainsi le riche l’ayant pris pour soutien, ils sont tous deux féconds devant le Très-Haut, l’un par l’aumône, l’autre par la prière. »


III.


Le pasteur montrait à Hermas des arbres dépouillés de leurs feuilles. « Pendant l’hiver, disait-il, aucun arbre ne porte de feuilles, et l’on ne saurait distinguer des autres ceux qui sont morts : en ce monde, on ne peut distinguer les justes des hommes pervers.


IV.


« Le printemps viendra, alors on coupera, on jettera au feu les arbres morts, et tous les autres seront couverts de feuilles, de fleurs et de fruits. Travaille donc, Hermas, afin qu’on te reconnaisse à tes œuvres quand l’été sera venu ; fuis la multitude des affaires : elles sont comme des chaînes qui empêchent de servir Dieu ; et comment celui qui néglige de le servir pourra-t-il lui demander et espérer d’en obtenir quelque chose ? »


V.


Un jour Hermas faisait la station[1], et selon la coutume, il s’était retiré dès le matin dans la solitude pour prier. Le pas-

  1. Le jeûne s’appelait station ; celui qui jeûnait se retirait dès le matin pour prier. — Fleury, Hist. eccl., liv. II, n. 48.