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ce qui part de la terre n’a aucune force, mais la moindre chose en a beaucoup quand elle vient du ciel.


XII.


« L’esprit de Dieu est humble et paisible ; il ne parle pas à l’homme quand l’homme veut, mais quand Dieu veut. On reconnaît au contraire l’esprit terrestre, vain, sans sagesse et sans force, en ce que celui qu’il agite s’élève et affecte la première place. Il est importun, parleur, vivant dans la mollesse et les plaisirs ; il se fait payer et ne devine point sans récompense. Un prophète de Dieu n’agit pas ainsi. Tu les distingueras donc à leurs œuvres ; le prophète de Dieu suit les bons désirs, le faux prophète n’écoute que les désirs mauvais. Fuis les désirs mauvais, arme-toi contre eux de la crainte de Dieu ; la crainte de Dieu amène les bons désirs, qui chassent tous les autres de notre âme. »

Le pasteur ayant donné ces douze préceptes à Hermas, lui recommanda de les mettre en pratique. « Mais un homme le peut-il ? » s’écria Hermas. À ces mots, le pasteur changea de visage, et sa colère était si terrible, que personne n’eût pu supporter son regard. « Ces commandements sont faciles, reprit-il, mais tu ne les garderas point, si tu te mets dans l’esprit qu’on ne peut les garder ; et si tu y manques, tu ne seras point sauvé, ni toi, ni tes enfants, ni ta maison, je te le dis. » Mais voyant le trouble et l’épouvante d’Hermas, il se mit aussitôt à lui parler avec plus de douceur et de gaîté : « Insensé ! ne vois-tu pas que le Tout-Puissant a donné à l’homme l’empire sur les créatures et la force de faire ce qu’il lui prescrit ? — Mais le diable, disait Hermas, n’a-t-il pas aussi puissance sur l’homme ? — Il n’en a aucune sur les serviteurs de Dieu qui croient en lui de tout leur cœur ; le diable peut les combattre, il ne peut les vaincre. Ne le craignez donc pas, mais craignez le Seigneur ; comprenez que rien n’est plus facile que sa loi, que rien n’a plus de douceur, plus de mansuétude, plus de sainteté ; tournez-vous donc vers lui, faites pénitence, et il guérira vos infirmités ; il