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IV.


Vingt jours après, Hermas se promenait seul dans un lieu solitaire. Il entendit tout à coup une grande voix ; elle disait : « Courage, Hermas ! » Il vit ensuite de la poussière qui s’élevait de la terre au ciel : « Ce sont des chevaux, » pensa-t-il. Mais la poussière augmentant toujours, il soupçonna quelque chose de divin, et bientôt, en effet, une bête grande comme une baleine et vomissant par sa bouche immense des sauterelles de feu s’avança vers lui, et elle marchait avec une impétuosité capable de renverser tout une ville d’un seul coup. Saisi de frayeur, Hermas se prit à pleurer et à prier le Tout-Puissant ; mais se rappelant la voix qu’il avait entendue, le courage lui revint, et il alla lui-même vers la bête d’un pas intrépide. Dès qu’il approcha, elle se coucha par terre, et tirant seulement un peu la langue elle ne bougea point qu’il ne l’eût dépassée tout entière. Il alla trente pas plus loin, et là il rencontra une jeune fille parée comme au sortir de sa chambre ; elle était vêtue de blanc et portait une mitre, ses cheveux qui étaient luisants la couvraient tout entière. Hermas, plein de joie, reconnaît l’Église. « Le Seigneur, lui dit-elle, a envoyé son ange Nigrin qui commande aux bêtes ; il a fermé la gueule à celle-ci, de peur qu’elle ne te dévorât ; va donc, et raconte les merveilles de Dieu à ses élus. Cette bête est la persécution qui doit venir ; qu’ils aient confiance, s’ils veulent, ce ne sera rien. » Elle parlait encore, et un grand bruit se fit, et Hermas regarda derrière lui, car il eut peur : il lui semblait que la grande bête était là qui revenait ; il ne vit rien, mais quand il retourna la tête, il n’y avait plus de jeune fille.




LIVRE SECOND.


Les Préceptes.


Hermas venait de prier et il s’était assis sur son lit : un homme