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Jour et nuit vous montriez une tendre sollicitude pour vos frères, un désir ardent de voir tous les élus de Dieu parvenir au salut par l’effet de sa miséricorde et par la pureté de leur conscience.

On admirait votre candeur, votre simplicité, votre disposition à pardonner les injures. La moindre apparence de schisme et de division vous faisait horreur. Vous pleuriez les chutes de vos frères ; vous vous jugiez coupables de leurs fautes. C’était sans regret que vous faisiez le bien, prêts à tous les genres de bonnes œuvres.

Une vie si digne de respect, si riche de vertus, faisait votre plus bel ornement ; et c’est ainsi que vous accomplissiez tous vos devoirs dans la crainte du Seigneur. Ses préceptes étaient gravés sur les tables de vos cœurs.

Aussi gloire, bonheur, tout vous était donné avec surabondance ; mais cette parole de l’Écriture s’est accomplie : « Le bien-aimé a bu, il a mangé ; et quand il a été enivré, rassasié de biens, il s’est révolté. »

De cette source on vit sortir la jalousie et la discorde, les querelles et la rébellion, les persécutions et les troubles, la guerre et la captivité.

Alors « les derniers du peuple se soulevèrent contre les grands ; des hommes obscurs, contre ceux qui étaient dans la gloire ; les insensés, contre les sages ; les jeunes gens, contre les vieillards. » Ah ! si la justice et la paix se sont éloignées, c’est que la crainte du Seigneur n’habite plus parmi vous ; c’est qu’on s’aveugle au sein même des lumières de la foi ; c’est qu’on sort de la voie tracée par ses enseignements ; c’est qu’on ne vit plus pour le Christ et d’une manière digne de lui ! Chacun marche au gré de ses passions et fait revivre en soi cette envie inique et impie, à laquelle la mort doit son entrée dans le monde.

Car voici ce qui est écrit : « Il arriva que Caïn présentait au Seigneur des fruits de la terre.

« Mais Abel offrait les premiers-nés de ses troupeaux et les plus grasses de ses brebis. Le Seigneur jeta des regards favorables sur Abel et sur ses présents, et les détourna de Caïn et