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LA FEMME

qu’il me semble qu’elles m’appartiennent. Germeuil ne répondit que par un soupir et par un regard. Après le souper, Natalie se retira de bonne heure, car elle vouloit se lever le lendemain avec le jour, afin de parler au musicien Lémann qu’elle envoya chercher, et qui promit de confirmer le récit qu’elle avoit fait la veille. À dix heures on vint apporter à Natalie une lettre de la part de Germeuil. Natalie la décacheta avec saisissement, et lut ce qui suit :

« N’ayant pu, madame, vous parler hier, je ne saurois résister aujourd’hui au désir de vous écrire. Mais que vous dirai-je ? dois-je vous remercier ? Non, la bonté n’est en vous qu’une inspiration, qu’un mouvement prompt et sublime, qui n’a besoin pour être excité d’aucun sentiment particulier ; la reconnoissance ne vous paroîtroit elle pas une sorte de présomption ? Vous répondriez peut-être : J’aurois rendu le même service à tout autre. Il faut vous admirer et se taire. Vous demanderai-je la permission de me présenter chez