Page:Genlis - Nouveaux contes moraux et nouvelles historiques, tome 3, 1802.pdf/81

Cette page a été validée par deux contributeurs.
77
AUTEUR.

viendra jamais assez violent pour troubler mon repos : il ne sera pour moi que le préservatif d’une grande passion. Je garderai ma liberté, je ne me remarierai jamais, je serai toujours indépendante, et par conséquent plus heureuse. Non-seulement je n’ai point le projet insensé de gagner le cœur de Germeuil, mais je sens que je cesserois de l’aimer, s’il avoit la barbarie de trahir celle qu’il a séduite avec tant de peine, et qui a résisté si long-temps à son amour. Natalie ne savoit pas que, pour les caractères persévérans, rien n’est plus dangereux qu’une passion malheureuse, parce que celles-là ne s’usent point. Sur le soir, une des amies de Natalie vint la voir, et l’invita à souper pour le lendemain, à Passy, en lui disant qu’on y feroit de la musique, et que Germeuil et madame de Nangis y seroient. Natalie accepta.

Natalie passa une nuit très-agitée ; l’attente de voir ensemble Germeuil et celle qu’il adoroit, étoit pour elle un événement qui devoit former une des époques de sa vie. En se levant, Nata-