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AUTEUR.

tout âge, répandue sur sa personne entière, et modère tous ses mouvemens, amortisse l’éclat de sa gaîté, réprime jusqu’à l’expression de sa sensibilité ; vous voulez qu’elle ne paroisse qu’avec l’air de craindre de se montrer, et que, lorsqu’on la regarde fixement, elle rougisse, ou que du moins elle baisse les yeux. Comment concilier tout ce mystère de délicatesse et de grace, ce charme intéressant d’une douceur enchanteresse et d’une pudeur touchante, avec des prétentions ambitieuses et l’éclatante profession d’auteur ? — Doit-on trouver de l’orgueil, de l’ambition, dans le simple désir d’offrir quelques idées utiles ? — Faire imprimer un ouvrage, n’est-ce pas dire (au moins) je le crois bon, je crois que mes pensées sont dignes de circuler dans l’univers entier, et de passer à la postérité ? Voilà ce qu’on nous a dit ingénuement dans des millions de préfaces ; et quand le bon goût empêche de s’exprimer ainsi, le public n’en connoît pas moins l’opinion de l’auteur. — Je vous assure cependant, que si je me faisois imprimer, je