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AUTEUR.

avec les sots, elle se fit un grand nombre d’ennemis ; elle n’éprouva pas ce malheur dans les premières années qu’elle passa dans le monde ; elle étoit timide et réservée ; on ne connut d’elle, d’abord, qu’un extérieur agréable et des talens brillans ; elle n’étoit point coquette, elle n’avoit aucun désir de montrer de l’esprit, car elle examinoit avec tant de curiosité, tout ce qui l’entouroit, elle se livroit avec un tel plaisir aux diffèrens amusemens de la société, elle trouvoit le bal si gai, la comédie si intéressante, l’opéra si beau ! elle admiroit tant l’éclat et la magnificence des fêtes de la cour, qu’elle s’oublioit absolument elle-même. On la jugea favorablement, elle fut accueillie, recherchée dans le monde, chérie dans sa famille ; ce temps fut le plus heureux de sa vie. Malgré le goût qu’elle montroit pour la dissipation, elle en avoit un plus vif encore pour la lecture et pour les occupations sédentaires. Elle écrivoit depuis son enfance ; à vingt ans, elle avoit déjà fait des comédies, des ouvrages de morale et des romans ; mais elle s’en cachoit : Do-