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LA FEMME

séparer de Natalie, elle l’emmena avec elle. Natalie, au bout de six mois, épousa un vieux militaire, parent de son beau-frère.

Les deux sœurs se ressembloient par les agrémens et les qualités du cœur et de l’esprit ; mais ce rapport ne se trouvoit point entre leurs caractères. Dorothée joignoit à l’élévation, à la force de l’ame, une extrême prudence dans le caractère, cette réunion produira toujours les conduites parfaites. Elle avoit toutes les qualités utiles que donne nécessairement la circonspection à une personne spirituelle ; la noblesse de ses sentimens la préservoit des craintes pusillanimes. Également incapable d’une lâcheté ou d’une étourderie, elle savoit prendre avec courage, lorsqu’il le falloit, une résolution périlleuse ; mais jamais, sans un intérêt de devoir ou de sentiment, elle ne s’exposoit au moindre danger ; la témérité n’étoit pour elle que de la grandeur, de l’héroïsme, et ne fut jamais une folie. Elle fit toujours servir son esprit à ses véritables intérêts, car elle connut que c’étoit aussi