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LE JOURNALISTE.

fondes, ni envenimées, du moins en France ».

Je m’attachai promptement à vous ; je jouissais doublement de votre estime, quand vous m’entreteniez de votre inimitié pour Delmas. Il me paroissoit piquant d’obtenir votre confiance, malgré tant de préventions. Je connus facilement vos sentimens pour Célestine, le temps seul pouvoit m’assurer de leur solidité. J’attendois. Enfin, votre générosité, en me rendant ma patrie et ma fortune, vous a découvert nos secrets, et vous assure à jamais le cœur de Célestine, elle est à vous : mais, mon cher Mirval, j’espère que vous laisserez là votre journal. — Ah ! reprit Mirval, je voudrois le continuer seulement pendant un an, afin de désavouer, de réparer toutes mes injustices… — Le pourriez-vous ? diriez-vous que l’ouvrage de M. de G*** ne vaut rien ? — Non, certainement, M. de G*** est mon bienfaiteur. Vous avez raison : il est impossible qu’un journaliste soit parfaitement sincère. — Oui, tant qu’il est jeune. C’est un emploi qui, de toutes ma-