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LE JOURNALISTE.

qu’à Paris. Je pris un nom supposé ; mais pour ne pas exposer ma fille aux désagrémens d’une fuite précipitée, dans le cas où je serois reconnu, je la confiai à madame de Saint-Firmin, et ce fut cette respectable amie qui m’offrit elle-même de s’en charger, et de la faire passer pour sa nièce. Manquant d’argent, et ne voulant point emprunter, je cherchai des ressources dans un travail qui me faisoit vivre depuis tant d’années. On me proposa de travailler à votre journal, j’acceptai, quoique j’eusse lu la feuille où vous rendiez un compte si peu favorable de mon avant-dernier ouvrage. J’y trouvai dans plusieurs passages le ton de la haine ; mais comme je vous étois totalement inconnu, et que je ne vous avois jamais attaqué dans mes écrits, j’etois bien sûr que cette animosité ne venoit point de votre cœur, et je savois qu’un tel ennemi, s’il a de l’esprit, et s’il n’est pas dépravé, peut facilement changer. Ces aversions artificielles, prises aujourd’hui si légèrement, ne sont, par bonheur, ni pro-