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Mlle DE CLERMONT

sentement du souverain. Dans ce moment, la religion étoit pour elle un refuge et la sauve-garde du mépris.

À deux heures après minuit, mademoiselle de Clermont se leva ; elle trembloit, et s’appuyant sur le bras de sa femme-de-chambre, elle sortit ; elle descendit par un escalier dérobé et se trouva dans la cour : le clair de lune le plus brillant répandoit une lueur argentée sur toutes les vitres du palais ; mademoiselle de Clermont jeta un coup-d’œil timide sur l’appartement de son frère, cette vue lui causa un attendrissement douloureux… et tournant le dos au palais, elle précipita sa marche ; mais quelle fut sa frayeur extrême, lorsque tout-à-coup elle se sentit fortement arrêtée par derrière !… Elle frémit, et se retournant, elle vit que ce qui lui inspiroit tant d’effroi n’étoit autre chose qu’un pan de sa robe accroché à l’un des ornemens du piédestal de la statue du grand Condé, placée au milieu de la cour… Un sentiment superstitieux rendit mademoiselle de Clermont immobile : elle leva les yeux avec