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Mlle DE CLERMONT.

saillit en passant devant la chaumière, elle regarda M. de Melun, et ce regard disoit tant de choses !…

M. de Melun, à souper, n’osa se mettre à table ; il étoit si agité, si distrait, qu’il craignit que son trouble ne fût remarqué, et que sa présence n’augmentât celui de mademoiselle de Clermont ; il descendit dans le jardin, il y resta jusqu’à minuit ; alors, il remonta dans le salon, afin de voir si mademoiselle de Clermont y étoit encore ; elle se levoit pour se retirer : en appercevant M. de Melun, elle rougit… et se hâtant de sortir, elle disparut. Arrivée dans sa chambre, elle renvoya toutes ses femmes, à l’exception de celle qu’elle avoit choisie pour confidente : alors, quittant ses diamans et une robe brodée d’or, elle prit un simple habit blanc de mousseline ; ensuite, elle demanda ses heures et se mit à genoux… Il y avoit dans cette action autant de dignité que de piété ; elle allait faire le pas le plus hardi, en formant une union légitime aux yeux de Dieu, mais clandestine, et que la loi réprouvoit, puisqu’il y manquoit le con-