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Mlle DE CLERMONT.

et alors, mademoiselle de Clermont, se levant avec le jour, sortit de son appartement sans être apperçue, se rendit à la chaumière, et y trouva M. de Melun. Lorsqu’ils furent tête à tête, M. de Melun se jeta aux pieds de mademoiselle de Clermont, et il exprima ses sentimens avec toute la véhémence que peut inspirer une passion violente, combattue et concentrée au fond de l’ame depuis plus de deux ans. Ses transports étonnèrent mademoiselle de Clermont, et lui causèrent une sorte de timidité qui se peignit sur son visage. Ce mouvement n’échappa point à M. de Melun ; il étoit à ses genoux, il tenoit ses deux mains dans les siennes. Tout-à-coup, il se releva, et se jetant sur une chaise, à quelques pas d’elle : « Oui, dit-il d’une voix étouffée, vous avez raison de me craindre, je ne suis plus à moi-même… je ne suis plus digne de votre confiance… fuyez-moi… ». En disant ces paroles, quelques larmes s’échappèrent de ses yeux, et il se couvrit le visage avec son mouchoir. Non, non, reprit mademoiselle de Clermont, je ne