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Mlle DE CLERMONT.

ami niais qu’en aucun lieu du monde, tant que la passion dure, on ne saurait, avec succès, calomnier un amant et une maîtresse qui ne sont point absens. M. de Melun se vit recherché de tout ce qui entouroit mademoiselle de Clermont. Cette dernière entendit répéter continuellement l’éloge de M. de Melun ; des critiques ne lui auroient pas fait la moindre impression ; mais ces louanges qui la flattoient si sensiblement, exaltoient encore son amour ; elle n’y voyoit aucun artifice, elle les trouvoit si fondées, et il lui était si doux de les croire sincères…

M. de Melun s’appercevant que son secret n’échappoit plus à l’oeil perçant de la curiosité, reprit dans sa conduite toute sa première circonspection ; mais comme la parfaite intelligence établit seule, entre les amans, une prudence mutuelle, la réserve de M. de Melun ne servit qu’à faire mieux paroître les sentimens de mademoiselle de Clermont ; quand il s’éloignoit, elle le cherchoit, le rappeloit, et M. de Melun, n’ayant ni la force, ni la volonté de fuir encore de Chantilly, se