Page:Genlis - Nouveaux contes moraux et nouvelles historiques, tome 3, 1802.pdf/455

Cette page a été validée par deux contributeurs.
451
Mlle DE CLERMONT

reux ménage. Mademoiselle de Clermont alloit presque tous les jours déjeuner dans la laiterie ; elle y rencontroit toujours Claudine qui l’amusoit par sa simplicité, car les princes trouvent un charme particulier dans la naïveté, apparemment parce que rien n’est plus rare à la Cour ; c’est pourquoi tous les princes, en général, aiment les enfans, et ce fut peut-être par un sentiment semblable qu’ils eurent jadis des fous. Il faut convenir que près d’eux, l’ingénuité ne sauroit être constante sans un peu de folie.

Cependant, on commença à remarquer les sentimens que mademoiselle de Clermont, depuis sa maladie, laissoit trop éclater ; les foiblesses des princes ne déplaisent point aux courtisans, et à moins de quelqu’intérêt l’amant d’une princesse ne cause point d’ombrage ; du moins, loin de chercher à lui nuire, chacun paroît se réunir pour en dire du bien et pour le faire valoir. Les courtisans sont jaloux de l’amitié, ils ne le sont point de l’amour ; ils savent qu’à la Cour on peut facilement perdre un