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Mlle DE CLERMONT.

et par des sacrifices mutuels !… quel plaisir de revoir ensemble les lieux chéris où cet amour prit naissance ! cette vaste forêt, ces îles délicieuses, ce beau canal, ce palais, ce cabinet consacré à la lecture ! Quel bonheur de retrouver, à chaque pas, des souvenirs d’autant plus doux que nul remords n’en pouvoit corrompre le charme… Telle étoit, du moins, la situation de mademoiselle de Clermont ; M. de Melun, moins heureux et plus agité, ne sentoit que trop qu’il étoit entièrement subjugué, et que désormais l’amour seul disposeroit de sa destinée. Il n’osoit jeter les yeux sur l’avenir ; mais il est si facile de n’y point penser lorsqu’on est enivré du présent…

Mademoiselle de Clermont avoit établi, dans la laiterie de Chantilly, la jeune Claudine, cette paysanne dotée et mariée, par elle, à l’un de ses valets-de-pied. Afin de ne point séparer le mari et la femme, on avoit fait le valet-de-pied garçon d’appartement du château. Une chaumière élégante, bâtie nouvellement à côté de la laiterie, servoit de logement à cet heu-