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Mlle DE CLERMONT.

son cœur la main qu’il tenait, et se relevant précipitamment, il retourna dans le cabinet : heureusement que M. le Duc dormoit encore… M. de Melun sortit doucement et descendit dans le jardin ; la nuit étoit sombre et la chaleur étouffante. M. de Melun s’assit sur un banc en face du palais ; il fixa tristement ses regards sur l’appartement de mademoiselle de Clermont. La lueur vacillante de sa lampe qu’il appercevoit à travers ses vitres, lui parut une clarté funèbre qui le fit frissonner… On marchoit dans la chambre ; ce qui formoit de grandes ombres fugitives qui passoient avec rapidité devant les fenêtres, et qui paroissoient s’évanouir dans les airs… M. de Melun, n’osant s’arrêter aux funestes pensées que lui inspiroit l’état de mademoiselle de Clermont, se laissa aller à une rêverie qui s’y rapportait, mais qui du moins ne lui présentait que vaguement ces images désolantes. Il étoit depuis deux heures dans le jardin, lorsqu’il remarqua dans le palais un grand mouvement ; il frémit, et, pénétré d’une