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Mlle DE CLERMONT

de mieux et de plus une longue lettre ?… M. de Melun baisa ce touchant écrit, et le remettant sur son sein : « Tu resteras là, dit-il, jusqu’au dernier soupir, jusqu’au dernier battement de ce cœur sensible et déchiré… ».

On étoit au mois de février. Quelques jours après, sous prétexte d’arrangement d’affaires, le duc partit pour une terre qu’il avoit en Languedoc, décidé à y rester trois ou quatre mois.

Ce départ causa autant de chagrin que d’étonnement à mademoiselle de Clermont, et lorsqu’au bout de deux mois, elle vit que M. de Melun ne revenoit pas, elle tomba dans une mélancolien dont rien ne put la distraire. Tout le monde attribua sa tristesse au mariage brillant dont il étoit question pour elle, et qui devoit l’éloigner à jamais de la France. M. le Duc, en effet, lui en avoit parlé ; mais l’ayant trouvée entièrement opposée à ce projet, il lui avoit demandé d’y réfléchir mûrement, et de l’instruire de sa dernière résolution à cet égard dans le cours du mois de mai. À cette époque,