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Mlle DE CLERMONT.

excessivement, et parut ainsi à la cour. M. de Melun qui, depuis l’histoire de la fausse entorse, alloit assidûment chez mademoiselle de Clermont, y fut ce soir-là de si bonne heure, qu’il trouva le salon vide. Lorsqu’on fut dire à la princesse qu’il venoit d’arriver, elle donna l’ordre d’avertir ses dames ; mais elle ne les attendit pas, et elle se hâta d’entrer dans le salon. M. de Melun la voyant marcher sans boiter, la regardoit de l’air le plus touché : « Voyez, dit-elle, comme votre vue me guérit de mes maux !… Ah ! s’écria le Duc en mettant un genou en terre, quelle raison humaine pourroit tenir à tout ce que j’éprouve depuis six semaines !…

C’étoit enfin parler : mais aussi c’étoit la première fois qu’il se trouvoit tête-à-tête avec celle qu’il adoroit, et qui lui donnoit de ses sentimens des preuves si extraordinaires. Mademoiselle de Clermont, toujours debout, fut si émue, si tremblante, qu’elle s’appuya contre une table… Le Duc, toujours à genoux, fondit en larmes… On entendit du bruit dans