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Mlle DE CLERMONT.

conversation : « Vous croyez donc, reprit-elle, que je danserai au bal paré » ? À cette question, le Duc la regarda fixement d’un air étonné. « Non, monsieur, continua-t-elle, je ne danserai que l’été prochain, à Chantilly ». Comme elle disoit ces mots, elle se leva de table, et l’on passa dans le salon. Le lendemain, mademoiselle de Clermont écrivit à son frère, qu’en descendant seule l’un des petits escaliers de son appartement, elle s’étoit donnée une entorse. M. le Duc reçut ce billet à l’heure de son audience, et cette nouvelle se répandit aussi-tôt dans tout Paris. Le chirurgien attaché à la princesse, et gagné par elle, déclara qu’il avoit vu son pied, et que la princesse seroit obligée de garder sa chambre six semaines. Elle se mit sur une chaise longue, et reçut ainsi les visites de toute la cour. Le duc de Melun y accourut. Il ne savoit que penser ; il se doutoit bien, d’après l’entretien de la veille, que c’étoit une feinte ; cependant il étoit possible que l’accident fût réel. Le premier regard de mademoiselle de Clermont le tira de