Page:Genlis - Nouveaux contes moraux et nouvelles historiques, tome 3, 1802.pdf/42

Cette page a été validée par deux contributeurs.
38
LE JOURNALISTE.

passé ; la raison en est simple, presque tout le monde intrigue, il faut bien que dans un si grand nombre, il se trouve quelques belles ames. L’intrigue est ennoblie, en quelque sorte, par l’esprit de parti ; elle est devenue une mode, un moyen de considération ; elle fut pendant trois ans si utile, si nécessaire à tant d’infortunés ! Qui pouvoit alors mépriser l’intrigue ? elle sauvoit l’innocence, elle prévenoit ou retardoit les décrets iniques du crime. On intriguoit alors, non par goût, mais par humanité ; c’est ainsi que le talent s’est acquis. Lorsqu’il a cessé d’être un devoir, on n’a pas voulu l’enfouir ; on a continué de l’exercer, et l’habitude en est restée.

Cependant, Mirval, plein de trouble et d’agitation, écrivit au prétendu Clainville, que je n’appellerai plus que Delmas, pour lui mander qu’il alloit passer quelques jours à la campagne. Ce billet ne contenoit que deux lignes, et Mirval y gardoit un profond silence sur la découverte et les démarches qu’il venoit de faire.