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Mlle DE CLERMONT.

elle avoit vu M. de Melun pâlir et s’attendrir ; cet homme si sage, si austère, si maître de lui-même, si froid en apparence, elle l’avoit vu se troubler, chanceler et prêt à se trouver mal !… Qu’elle étoit heureuse et fière, en se retraçant ce moment de saisissement et de bonheur !… Comme elle fut aimable, accueillante tout le reste du jour, et contente de tout ce qui l’entouroit ! À dîner, elle appela M. de Melun et madame de G***, et les fit placer à ses côtés. Comme toutes les plaisanteries les plus rebattues de la marquise, lui parurent agréables ! comme elle en rit naturellement ! Pour le Duc, il ne rioit pas, il ne fut jamais plus silencieux et plus taciturne ; mais son regard étoit si doux ! et quand il ne répondoit pas, il soupiroit, ce qui vaut mieux en présence d’un tiers que la réponse la plus spirituelle.

À l’heure de la promenade, au moment de monter en calèche, une des dames de mademoiselle de Clermont voulut prendre, des mains d’une jeune paysanne, un placet présenté à la prin-