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Mlle DE CLERMONT.

de questionner, à cet égard, la marquise de G***, parente et amie de M. de Melun, et elle apprit avec un dépit mêlé de chagrin, que M. de Melun avoit toujours eu l’habitude, non d’écouter ces lectures, dit madame de G*** en riant, mais d’y assister. Il préfère notre cabinet, continua la marquise, à la bruyante salle de billard, et au salon qui, à cette époque de la journée, n’est occupé que par les joueuses de cavagnole ; il trouve qu’on peut rêver plus agréablement parmi nous ; il nous apporte toute sa distraction, et du moins, nous ne pouvons lui reprocher de nous en causer, car il est impossible d’avoir un auditeur plus silencieux et plus immobile.

Mademoiselle de Clermont, vivement piquée, eut ce jour-là, pendant la lecture, plus d’une distraction ; souvent ses yeux se tournèrent vers le duc de Melun, plus d’une fois ses regards rencontrèrent les siens ; en sortant du cabinet elle résolut de lui parler.

Le soir à la promenade, elle feignit d’être fatiguée et pria le duc de Melun de