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Mlle DE CLERMONT

mide et soumise. Ce fut à-peu-près dans ce temps que mademoiselle de Clermont parut à Chantilly pour la première fois. Jusqu’alors, sa grande jeunesse l’avoit empêchée d’y suivre monsieur le duc. Elle y arriva sur la fin du printemps ; elle y fixa tous les yeux, et sut bientôt obtenir tous les suffrages. Les princesses ont l’avantage d’inspirer moins d’envie par leurs agrémens, que les femmes d’une condition ordinaire. Leur élévation semble éloigner les idées de rivalité ; d’ailleurs, avec de la grâce et de la bonté, elles peuvent, sinon gagner tous les cœurs, du moins flatter la vanité des femmes de la société ; leurs préférences sont des faveurs, et la coquetterie qui n’est elle-même qu’une ambition, leur pardonne leurs succès, si elles sont affables et constamment obligeantes.

Chantilly est le plus beau lieu de la nature ; il offre à-la-fois tout ce que la vanité peut desirer de magnificence, et tout ce qu’une ame sensible peut aimer de champêtre et de solitaire. L’ambitieux y voit par-tout l’empreinte de la grandeur,