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Mlle DE CLERMONT.

avec le plus d’empire. Il aime l’éclat et le bruit, il s’exalte de tout ce qui satisfait l’ambition, la louange, la pompe et la grandeur. C’est au milieu des passions factices, produites par l’orgueil et par l’imagination, c’est dans les palais, c’est entouré des plus brillantes illusions de la vie, qu’il naît avec promptitude et qu’il s’accroît avec violence ; c’est là que la délicatesse et tous les raffinemens du goût embellissent ses offrandes, président à ses fêtes, et donnent à son langage passion­né, des graces inimitables, et une séduction trop souvent irrésistible !

J’ai vécu sur les bords heureux que la Loire baigne et fertilise ; dans ces belles campagnes, dans ces bocages formés par la nature, l’amour n’a laissé que des traces légères, des monumens fragiles comme lui ; quelques chiffres grossièrement ébauchés sur l’écorce des ormeaux, et pour traditions, quelques romances rustiques, plus naïves que touchantes. L’amour seu­lement a plané sur ces champs solitaires ; mais c’est dans les jardins d’Armide ou de Chantilly qu’il s’arrête, c’est là qu’il