Page:Genlis - Nouveaux contes moraux et nouvelles historiques, tome 3, 1802.pdf/381

Cette page a été validée par deux contributeurs.
377
LE BONHOMME.

qu’il avoit la chose du monde la plus singulière à lui apprendre, mais qu’il falloit, ajouta-t-il, cacher au bon Férioles. En sortant de table, le baron emmena sa sœur dans un cabinet, et là, sans préambule : « Je viens, dit-il, vous donner un avertissement salutaire : le chevalier d’Osambry est un fourbe, et l’homme le plus noir et le plus méchant ». À ce début de conversation, madame de Béville n’éprouva que de la colère et de l’indignation : « Cet avertissement, dit-elle, vient un peu tard ; mais vous n’imaginez pas que je puisse croire légèrement que l’homme du monde que j’estime et que j’aime le plus, soit un mal-honnête homme ? — J’ai prévu votre incrédulité, répondit le baron ; mais il faudra bien vous rendre à l’évidence. Écoutez-moi avec un peu de calme, s’il est possible. Cette courtisane, jadis danseuse à l’opéra, cette Cécile avec laquelle vous avez vu M. de Férioles aux Champs-Élysées, a été, pendant un an, maîtresse du chevalier qui la quitta il y a six mois, et la céda à son ami Vilmère :