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LE BONHOMME.

répondit qu’il n’avoit aucune ambition, et il la quitta pour aller retrouver sa fille.

Isaure, depuis l’aventure des roses mousseuses, avoit appris à suspendre son jugement, et à se défier des apparences ; son cœur, et même sa raison, l’assuroient qu’il étoit impossible que M. de Férioles fût un homme sans mœurs et sans décence : elle concevoit bien, d’après sa bonhomie même, qu’il pût se trouver avec une courtisane, sans la connoître ; mais ce store baissé précipitamment par lui, au moment même où il apperçut le phaéton du chevalier, et ce long séjour à Paris !… Comment expliquer tout cela ?… C’en étoit bien assez pour agiter et pour troubler Isaure… » Le baron la trouva si rêveuse et si préoccupée, qu’elle fit à peine attention à la grande nouvelle du mariage de sa tante ; elle se garda bien de conter à son père l’étrange rencontre des Champs-Élysées ; mais à tout moment, croyant entendre une voiture, elle alloit regarder à la fenêtre qui donnoit sur la cour, et ensuite elle revenoit tristement se rasseoir en soupirant. Enfin, elle en-