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LE BONHOMME.

retourner à la vertu sans perdre ma réputation !… Je ne puis suivre les mouvemens de mon cœur sans trahir mes sermens !… Ô mon père, pourquoi m’avez-vous quittée ? pourquoi m’avez-vous conduite dans ce dangereux séjour ? Hélas ! vous comptiez sur ma raison ; mais en est-il sans l’expérience ? Dans cet instant, Isaure entendit frapper à sa porte ; elle essuya ses yeux baignés de pleurs, elle fut ouvrir : on la demandoit pour faire une promenade en voiture. Elle descendit, et elle monta dans une calèche avec sa tante, deux autres femmes, le baron et M. de Férioles. On fut à un quart de lieue, dans une ferme où l’on alloit souvent manger de la crème et des fruits. La fille du fermier, âgée de seize ans et nommée Marthe, étoit extrêmement jolie ; Isaure l’aimoit beaucoup, et Marthe, presque tous les matins, lorsqu’Isaure étoit à Auteuil, lui portoit un panier de fruits. En quittant la ferme, Isaure, comme à l’ordinaire, embrassa Marthe, et l’invita à venir chez madame de Béville, le surlendemain dans l’après-midi, parce qu’on de-