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LE BONHOMME.

bruyante qui lui étoit particulière ; Isaure, par complaisance pour la duchesse qu’elle aimoit assez, et qui sur-tout lui en imposoit, fit un sourire forcé : Réellement, mademoiselle, continua le chevalier, vous devriez conseiller à M. de Férioles de faire de Jacquot un jockei. — Ce conseil seroit inutile. — Pourquoi donc ? — Pour faire courir Jacquot, ne faudroit-il pas, suivant l’usage, le faire jeûner et suer ? — Eh bien ? — Eh bien ! jamais M. de Férioles, pour son amusement, ne mettra à la diète et ne fera maigrir un de ses gens.

Malgré tout son empire sur lui-même, le chevalier ne put s’empêcher de rougir de colère : Nous sommes donc des barbares, ainsi que les Anglais ? répondit-il avec un ton rempli d’aigreur et d’ironie. — Mais, reprit Isaure, vous ne montrez pas beaucoup d’humanité, lorsqu’au milieu de l’été, vous enveloppez un pauvre enfant de quatorze ans dans des couvertures de laine, et qu’ainsi affublé, vous le mettez auprès d’un grand brasier, afin de le réduire au poids convena-