Page:Genlis - Nouveaux contes moraux et nouvelles historiques, tome 3, 1802.pdf/334

Cette page a été validée par deux contributeurs.
330
LE BONHOMME.

lier : Battez-là donc juste, lui dit-elle. À cette apostrophe inattendue, le baron fit un grand éclat de rire… Le chevalier, mortellement piqué, se mit à rire aussi, et tout de suite (car l’art inconcevable de jouer les premiers mouvemens est très-commun dans la bonne compagnie). Le chevalier n’en resta pas là ; il fit mille plaisanteries sur son ignorance en musique, et tout cela si cavalièrement, si gaîment, que le baron en fut attristé : il avoit espéré que l’espèce d’incartade d’Isaure offenseroit le chevalier ; mais, trompé dans son attente, il fut toujours charmé qu’Isaure eût osé publiquement interpeller le chevalier d’une manière désobligeante.

Lorsqu’Isaure eut cessé de jouer de la harpe, elle passa avec la duchesse sur un balcon qui donnoit sur la cour ; le chevalier vint les y trouver, et en voyant Jacquot en veste qui se promenoit dans la cour, et qui, dans ce vêtement léger, ressembloit beaucoup à Sancho Pença : Voilà, dit-il, le jockei de M. de Férioles. La duchesse éclata de rire d’une manière