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LE BONHOMME.

reprocha plus d’une fois son silence et la gravité de son maintien. Après le dîner, Monsieur de Férioles, qui aimoit la musique, témoigna le désir d’entendre Isaure ; mais malheureusement, il se servit d’une expression provinciale, en priant Isaure de pincer de la harpe ; sur quoi le chevalier, d’un ton très-simple, ajouta : Et mademoiselle voudra bien ensuite nous faire le cadeau de toucher du clavecin. Cette moquerie échappa totalement au baron et à M. de Férioles. Isaure rougit ; la duchesse et madame de Béville se mordirent les lèvres pour s’empêcher de rire. Isaure joua de la harpe ; elle vit, à la manière dont M. de Férioles l’écoutoit, qu’il avoit le sentiment de la musique, et c’est pour une musicienne, une sorte de sympathie dont on sait plus de gré que d’un éloge. Isaure jouoit de son mieux et comme un ange ; le chevalier, avec une mine impertinente d’approbation protectrice, tenoit l’éventail de la duchesse, avec lequel, nonchalamment, il battoit la mesure à faux : tout-à-coup, Isaure s’interrompant, en s’adressant au cheva-