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LE BONHOMME.

du but, et suivant le vœu de toutes les femmes du pavillon, le cheval du chevalier gagne la course. Si le destin de l’état eût dépendu de cette victoire, Isaure n’en seroit ni plus heureuse, ni plus enorgueillie : une exclamation lui échappe ; la duchesse l’en reprend doucement, la reine sourit avec bonté, en disant : Ne la grondez pas, c’est charmant ! Le chevalier s’approche d’elle, et lui dit tout bas : Ah ! qu’il est doux d’être aimé ainsi !… Aimé ! c’est peu dire ; dans cet instant, il est adoré, Isaure le croit du moins.

Le chevalier triomphe avec ce maintien froid et insouciant, qui dans un fat est cent fois plus haïssable que la vanterie ; mais Isaure qui, dans ce moment sur-tout, voyoit tout en beau, trouva que la modestie et la simplicité du chevalier mettaient le comble à sa gloire.

De retour à Auteuil, la duchesse conta, avec emphase, tous ces détails à madame de Béville, qui fut extasiée de ce récit. Elle eut à ce sujet un entretien particulier avec sa nièce. « Maintenant, ma chère