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LE BONHOMME.

que jamais, combien elle aimoit son père, et combien elle devoit de déférence à ses conseils ; mais, d’un autre côté, elle se représentait, avec émotion, la gloire d’une alliance illustre, celle de fixer l’homme de la société le plus à la mode et le plus brillant, le plaisir de paroître à la cour… Après avoir contemplé ce tableau si séduisant en perspective, comment penser sans dégoût à la vie obscure et monotone d’une provinciale ou d’une campagnarde ?… Enfin, elle avoit autorisé les espérances du chevalier, elle connoissoit la violence de sa passion, elle devoit craindre ses emportemens, ses fureurs, ses vengeances ; que de raisons puissantes pour sacrifier M. de Férioles !… Cependant, elle avoit beau s’étourdir, s’aveugler, son cœur souffroit, et après toutes ces réflexions, elle répétoit tristement : Pauvre M. de Férioles !… et elle pleuroit avec amertume. On vint la chercher pour dîner ; elle descendit, et trouva rassemblée une nombreuse compagnie : la duchesse d’Osambry venoit d’arriver. Elle parloit de la course de chevaux qui