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LE BONHOMME.

elle le quitta, et rentra dans son appartement.

Isaure étoit fort à plaindre, quoiqu’elle fût dans la situation du monde la moins embarrassante et la plus heureuse, car ses sentimens s’accordoient avec ses devoirs ; son cœur préféroit en secret celui que sa raison auroit dû choisir ; la sensibilité vraie, les principes et la bonté parfaite de M. de Férioles, avoient fait sur son ame la plus profonde impression ; mais, après avoir éprouvé pour le chevalier toutes les vives émotions que peut faire naître la vanité, le sentiment tranquille et doux que lui inspiroit M. de Férioles, n’étoit à ses yeux que de l’estime. On a peine à reconnoître l’amour, lorsqu’il est parfaitement d’accord avec la raison : quand rien ne le combat, la femme la plus sensible est celle qui peut le moins le distinguer de l’amitié. Cependant, Isaure ne se dissimuloit pas que le caractère de M. de Férioles lui convenoit infiniment mieux que celui du chevalier, et le penchant qui lui parloit en sa faveur, lui faisoit sentir, mieux