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LE BONHOMME.

qu’on gagne à être sévère dans les petites choses. — Mais, comment acquérir le sang-froid nécessaire pour devenir si tolérant ? — Par une réflexion bien simple : c’est qu’il est impossible d’être bon, si on se livre à l’impatience et à la vivacité. — Je profiterai de cette réflexion… Je sens qu’il y a dans la bonté un tel charme !… — La bonté n’est que la justice ; c’est l’attribut naturel d’un être raisonnable et sensible ; la sévérité qui n’est pas absolument nécessaire, et que ne commande pas une raison importante, n’est qu’une odieuse et puérile dureté : cependant je sais que souvent la sévérité n’est qu’apparente, et qu’en général elle vient moins de la dureté du cœur, que d’une mauvaise habitude ou du manque de réflexion. Mais, poursuivit M. de Férioles en souriant, voyez où nous a conduits le pot de crême oublié par Jacquot ? — Je vous écoute avec plaisir, reprit Isaure. — Autorisé par M. votre père à saisir la première occasion de vous parler en particulier, je n’aurois pas imaginé que notre entretien seroit une dissertation sur la