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LE JOURNALISTE.

possédez au suprême degré l’art de tourner en ridicule les choses les plus simples et même les plus sensées. — C’est un art si facile !… — J’en conviens, mais depuis Voltaire et Fréron, il paroît épuisé ; on ne fait plus que répéter les mêmes plaisanteries, qu’employer les mêmes tournures et le même ton ; aujourd’hui, la méchanceté sans saillie et sans originalité, à force d’insipidité, est devenue presqu’innocente ; elle n’est plus offensante que par l’intention. — C’est qu’à la longue rien n’intéresse, rien n’est piquant sans la justice et sans la vérité. — Enfin, votre extrait est véritablement spirituel et plaisant, vous y avez mis beaucoup plus de gaîté que de malice ; si Delmas le lit, il en rira lui-même, j’en suis sûr. — Je le crois aussi. L’extrait de Clainville parut, et le lendemain Mirval, suivant sa coutume, fut le soir chez madame de Saint-Firmin. Il trouva Célestine seule dans le salon ; elle étoit assise devant un métier, mais elle tenoit une feuille, et Mirval vit qu’elle lisoit son journal. En jetant les yeux sur l’aimable