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LE BONHOMME.

elle ; tu penseras que pour être heureuse, il faut épouser un bonhomme ».

Pendant ce discours, Isaure éprouva la confusion la plus pénible ; la franchise et la bonhomie de son père ranimoient, au fond de son ame, tous les sentimens généreux, étouffés par la vanité. Attendrie et troublée, elle se pencha sur l’épaule du baron, et ses larmes coulèrent. Il crut que le seul souvenir de sa mère lui causoit cette vive émotion ; il l’embrassa tendrement, et changeant de discours : « Parlons, dit-il, de ce chevalier d’Osambry ; il a un très-beau nom, une famille puissante et respectable : mais quoi qu’en dise ma sœur, c’est un mauvais sujet. — Comment, mon père ! dit Isaure, excessivement surprise de cette expression. — Oui, mon enfant, reprit le baron, j’appelle ainsi un fat et un joueur. J’ai un ancien ami à Paris, auquel j’ai écrit pour avoir quelques informations à cet égard, et voilà ce qu’il m’a mandé. — Et quel est cet ami ? Le vieux Maillan ». À ce nom, Isaure sourit. Ce Maillan étoit un banquier re-