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LE BONHOMME.

si bien l’art de se faire valoir et de se louer lui-même ! il étoit si recherché, si magnifique, si brillant ! il avoit tant d’amis, qu’Isaure étonnée, éblouie, avoit pour lui, non-seulement une haute estime, mais une profonde admiration.

Madame de Béville contribuoit beaucoup à exalter la tête de sa nièce ; elle desiroit, avec passion, un mariage qui lui procuroit l’alliance et l’amitié d’une famille illustre, puissante et en faveur à la cour ; elle avoit même une inclination secrète pour le chevalier, quoiqu’elle ne se l’avouât pas à elle-même ; mais elle avoit pris trop formellement l’engagement de lui donner sa nièce, pour ne pas combattre ce sentiment naissant : elle sentoit que la veuve d’un financier, âgée de trente-six ans, conviendroit beaucoup moins à la famille du chevalier, qu’une jeune personne de qualité. Le chevalier n’avoit que vingt-sept ans ; ainsi madame de Béville, dominée sur-tout par la vanité, n’étoit pas capable de surmonter la crainte de se donner un ridicule. Le chevalier, qui la menoit à