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LE BONHOMME.

duisant son cœur et son esprit, étouffoient sa sensibilisé naturelle ; ses goûts même étoient changés. Le brillant spectacle offert par les arts, ternissoit dans son imagination tout le charme des amusemens et des occupations champêtres qui jusqu’alors avoient fait ses délices ; enfin, elle préféroit au bonheur d’être aimée le plaisir nouveau pour elle d’être remarquée et de briller. Elle n’avoit ni passion, ni penchant pour le chevalier d’Osambry : quoiqu’il eût une très-belle figure, elle avoit d’abord senti pour lui de l’éloignement, parce qu’alors elle jugeoit sainement, et qu’un heureux instinct lui donnoit de l’aversion pour la fausseté et la fatuité ; mais le chevalier, par la flatterie la plus adroite, étoit parvenu peu à peu, sinon à toucher son cœur, du moins à le subjuguer. Persuadée que le chevalier l’adoroit, et qu’il lui sacrifioit les plus brillantes conquêtes, Isaure prenoit l’enivrement de la vanité, pour les plus tendres sentimens de la reconnoissance et de l’amour ; d’ailleurs, on vantoit tant le chevalier ! il possédoit