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LE BONHOMME.

fît tant de moqueries, qu’elle finit par le trouver ridicule.

Isaure avoit reçu en province la plus parfaite éducation : née avec de l’esprit et une belle ame, elle avoit véritablement profité des soins de ses vertueux parens ; mais, à seize ans, elle perdit la mère la plus tendre et la plus éclairée. La douleur d’Isaure fut si vive et si profonde, qu’au bout de quelques mois, le baron voyant que sa santé dépérissait chaque jour, la mena à Lyon pour y consulter d’habiles médecins. Isaure eut dans cette ville une longue et dangereuse maladie. Elle passa trois mois à Lyon ; ensuite le baron voulant faire un voyage en Franche-Comté, conduisit Isaure à Paris, et la remit entre les mains de sa sœur, madame de Béville, croyant pouvoir terminer ses affaires en six semaines ; mais, comme nous l’avons vu, Isaure habitoit déjà Paris depuis huit mois. Ce long séjour n’avoit que trop altéré son caractère : Isaure étoit toujours pure, mais ses principes commençoient à s’ébranler ; la vanité et la frivolité, en sé-