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LE BONHOMME.

dame de Béville, la baisa deux ou trois fois, et sortit après avoir promis de revenir.

Isaure, en effet, étoit fort affligée ; elle avoit confié son chagrin à mademoiselle Cléry, une femme-de-chambre qu’elle tenoit de sa tante, et mademoiselle Cléry, grande admiratrice de M. le chevalier d’Osambry, partageoit toutes ses inquiétudes. Cependant, disoit-elle, il est impossible que M. le baron puisse hésiter entre un campagnard et M. le chevalier d’Osambry : d’ailleurs, mademoiselle, ne dit-il pas qu’il vous laissera la liberté de choisir ? — Sans doute, mais j’aime tant mon père ! il me seroit si douloureux de le fâcher ! — Mais vous aimez aussi M. le chevalier d’Osambry. — Sûrement, et je serois bien ingrate, si je n’étois pas touchée de ses sentimens ; ce n’est pas pour ma fortune qu’il me recherche, il ne tiendroit qu’à lui d’épouser une personne bien plus riche que moi… — Oh ! il a l’ame si grande !… — Oui, grande, délicate et sensible ; si j’épousois cet inconnu, je suis certaine