Page:Genlis - Nouveaux contes moraux et nouvelles historiques, tome 3, 1802.pdf/26

Cette page a été validée par deux contributeurs.
22
LE JOURNALISTE.

commençant ce journal ; mais je me suis trouvé dans la fâcheuse nécessité de sacrifier mes principes, ou de manquer à la reconnoissance. — Est-il un bienfaiteur qui doive attendre, ou qui puisse exiger un tel sacrifice ? — Aussi ne l’aurois-je pas fait, si Delmas étoit un homme estimable ». À ces mots, Mirval se mit à conter tout le mal qu’on lui avoit dit de Delmas, et même il se permit de l’exagérer, d’ajouter qu’il étoit parfaitement sûr de tout ce qu’il avançoit ; il croyoit par-là, sinon justifier, du moins rendre son injustice plus excusable. Vous voyez, poursuivit-il, que l’on peut, sans scrupule, lancer quelques traits satiriques sur un tel personnage. Néanmoins, je vous l’avoue, cet extrait me pèse, vous me rendriez un très-grand service, si vous vouliez vous en charger. À cette proposition, Clainville sourit : « Volontiers, répondit-il, c’est une chose que je puis faire sans remords, je connois cet ouvrage, je suis bien loin de l’admirer, et puis, je trouve que tous ces extraits satiriques sont fort innocens, ils ne font aucun mal, ils ne