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DÉROUTÉ.

tomba aux genoux de Léontine qui se cachoit le visage avec ses deux mains… Melcy, saisissant une des mains de Léontine, découvrit son aimable visage que rendoit céleste le doux coloris de la pudeur, uni à l’expression d’une profonde sensibilité. Léontine, levant des yeux timides sur l’heureux Rosenthall : ne trouvez-vous pas, lui dit-elle en souriant, que Melcy est un rival d’une espèce un peu singulière ? Mais, poursuivit-elle, c’est lui maintenant que vous devez écouter ; asseyez-vous, et connoissez enfin notre situation et tous nos secrets. Rosenthall obéit ; et Melcy prenant la parole : Mon cher Rosenthall, dit-il, un seul mot vous expliquera beaucoup de choses ; je ne suis point votre rival… — Vous n’adorez pas Léontine, vous à qui l’on accordoit sa main : est-il possible !… — Non, je ne fus jamais son amant. Mais cette amie incomparable ne m’en est pas moins chère, son bonheur sera toujours l’un des premiers intérêts de ma vie. Vous allez juger si je dois sentir ainsi : écoutez son histoire et la mienne.