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L’AMANT

de Léontine troubleroit long-temps sa vie, et le préserveroit à jamais de tout autre attachement passionné ; mais l’idée de la voir s’unir à Melcy sous peu de jours, lui déchiroit l’ame, et les soupçons qu’il ne pouvoit écarter de son esprit, malgré la certitude d’être aimé, achevoient de lui rendre odieux le séjour de Franconville. Le lendemain matin, à dix heures, Melcy entra dans sa chambre ; et Rosenthall, sans préambule, lui déclara l’intention où il étoit de partir très-incessamment. Dès les premiers mots que Melcy prononça pour combattre ce dessein, Rosenthall l’interrompant brusquement : « Mon cher Melcy, lui dit-il, avec l’esprit que vous ayez, il est impossible que vous n’ayez pas pénétré les raisons qui me font desirer de m’éloigner ; mais s’il vous reste à cet égard quelques doutes, si la curiosité qui, cette nuit, m’a fait épier et suivre Léontine, ne vous éclaire pas assez, écoutez-moi ; je veux enfin vous parler sans aucun déguisement. Je suis votre rival, j’aime éperdument Léontine, je ne réponds plus de moi : il faut