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DÉROUTÉ.

étoit à genoux près de lui ;… Léontine ? s’écria Rosenthall, d’un air égaré, qu’est devenue Léontine ?… Vous êtes dans ses bras répondit Melcy ; Rosenthall se retourne, il voit en effet le visage adoré de Léontine échevelée, inondée de larmes ; il retrouve dans ses regards l’expression de la plus vive tendresse, et il revient à la vie ; un ruisseau de pleurs s’échappe de ses yeux. Ah ! Rosenthall, dit Melcy, l’effroi mortel que vous nous avez causé, surpasse certainement celui que vous avez pu éprouver ! figurez-vous, s’il est possible, ce que nous avons dû ressentir, lorsqu’en sortant de cet appartement, nous vous avons trouvé étendu à terre, sans connoissance, baigné dans votre sang, et ayant à côté de vous votre épée nue et ensanglantée… Oh ! dit Léontine, je ne puis concevoir comment j’ai pu soutenir cette vue sans mourir !… À ces mots, Rosenthall, pénétré jusqu’au fond de l’ame, regarda Léontine sans pouvoir articuler une parole ; l’attendrissement et la surprise suspendoient toutes les facultés de son esprit ; enfin, se tournant