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DÉROUTÉ.

belle occasion d’enrichir son journal d’une description poétique et d’une intéressante peinture de sensations !… Rosenthall se saisit de ses tablettes, et gravit la colline ; parvenu au sommet, il fut assez heureux pour trouver un tronc d’arbre desséché à côté d’un cyprès ; alors il se mit à écrire ses pensées… ou celles des autres ; mais enfin, il est certain qu’il étoit dans le plus beau moment d’extase et d’enthousiasme, lorsqu’un objet très inattendu vint s’emparer de toute son attention. En jetant machinalement les yeux sur la petite maison isolée, il en vit sortir mademoiselle Victorine, la femme-de-chambre de Léontine ; il étoit placé de manière à n’en pouvoir être apperçu, et Victorine, jeune et leste, disparut comme un éclair, en reprenant le chemin de la maison de Darmond… La femme-de-chambre, favorite de Léontine, sortant furtivement à cinq heures du matin d’une maison étrangère… Il n’en falloit pas tant pour émouvoir le jaloux Rosenthall, d’autant plus que j’ai oublié de dire qu’il etoit excessivement curieux. Il descendit