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L’AMANT

espérance vague, fut bien tenté de le découdre ; cependant il sut vaincre son ardente curiosité. Il pensa, avec raison, que Léontine réclameroit son bracelet, et que ne le trouvant point, elle soupçonneroit aisément la vérité ; cette réflexion fortifiant sa vertu, le détermina à prendre le parti le plus généreux, celui de restituer le bracelet, et par conséquent de le conserver parfaitement intact. Il l’envelopa dans du papier et le remit en soupirant dans sa poche. Il se coucha de bonne heure, dormit peu, et se leva avec le jour naissant. Personne n’étant éveillé dans le château, il en sortit pour aller se promener dans les champs ; à cinq cents pas du village qu’il traversa, se trouvoit une colline parsemée d’arbres, qui dominoit une petite maison isolée ; le soleil commençoit à dorer la cime des arbres, et l’on sait comme les voyageurs, jeunes et vieux, de ce siècle, sont passionnés pour le lever du soleil, contemplé du haut d’une montagne. Rosenthall, de plus, étoit inquiet, amoureux et jaloux ; la matinée étoit superbe ; quelle